par Raphaël Massi.
On parle souvent d'identité en Biodanza, et l'on définit l'identité comme l'expérience d'habiter intensément son corps, d'agir de manière spontanée à partir de son propre ressenti, ancré dans sa présence physique. C'est une autre manière de dire que l'identité véritable est libre de toute projection. Elle s'enracine en nous-même et ne tient pas compte de ce que "les autres vont penser", elle n'a pas d'image à entretenir, elle se contente de jaillir dans l'instant, à partir du cœur et du corps.
En me réveillant ce matin, j'ai eu cet insight : mon identité, c'est l'espace vide en moi. C'est l'espace dans lequel qui-je-suis peut s'élever et s'exprimer. Mon identité c'est l'espace vierge qui accepte la manifestation de moi-même. Une manifestation toujours différente mais toujours teintée de qui-je-suis... comme les humains à la fois tous semblables et tous différents.
Il m'est alors venue l'image d'une flûte. La flûte existe bel et bien, elle possède sa matière, elle constitue une forme particulière. Mais c'est dans l'espace vide, en son cœur, que
naissent les sons. Notre sonorité personnelle se rélève lorsque nous nous laissons traverser par le souffle de la vie, le souffle du musicien. Il souffle tantôt doucement, tantôt puissamment, il module sa propre mélodie que nous exprimons avec l'unicité de notre
propre identité.
La spontanéité n'est possible que dans cet espace intérieur. Lorsque nous sommes saturés de pensées, de désirs, d'émotions cristallisées, c'est comme si nous étions remplis à raz bord, comme si l'espace que nous sommes était bourré à craquer. Il n'y a plus de place pour
le souffle et le jaillissement.
Il y a dans cette dualité là une part du mystère humain.
C'est peut-être ce mystère que symbolisait la trinité dans la tradition catholique. Le Saint-Esprit comme le souffle de la vie qui nous traverse et qui anime tout ; le Fils comme la matière, notre corps de chair, la forme, la flute ; le Père comme la conscience, notre conscience, qui observe et expérimente tout cela, tout en étant la source de tout cela. Et les
trois font Un. Ce n'est pas 1 + 1 + 1 = 3. C'est 1 x 1 x 1 = 1.
Alors, sommes-nous la flûte ou bien le souffle, ou encore celui qui observe la flûte et le souffle ? Nous n'avons pas besoin de répondre à cette question : nous sommes invités à la
vivre !
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